LE CHAGRIN D'ARTÉMIS
Création 2021/22
Texte et mise-en-scène : Léa Tissier
Dramaturgie et direction d'acteurs : Paul Toucang
Création et régie lumière : Suzanne Rault-Balet
Costumes et création masques : Hercule Bourgeat
Composition musicale : Alexis Cartus et Léa Tissier
Avec :
India De Almeida : Intelligence Albertine
Léa Tissier : Luna Mirage
RÉSUMÉ
Alors qu'elle cherche une musique qui dise au mieux le dernier souffle d'un être aimé, Léa fait accidentellement naître Luna Mirage, un alter-ego lunaire qui se propose de l'aider dans sa quête et l'emmène sur la Lune à bord d'Artémis, une fusée aéro-aquatique dont le carburant est principalement composé de larmes.
Là, Léa découvre un monde où la parole est chant, les abats-jours satellites, les fusées sensibles aux caresses et les morts bien vivants.
Mêlant musique et témoignage, la pièce explore les différentes étapes du deuil de façon poétique et musicale. C'est un hymne à l'amour universel.
IL Y A TRÈS LONGTEMPS...
Il y a très longtemps, on raconte que la Terre et la Lune étaient confondues ensemble. La collision avec un astéroïde aurait été à l’origine de leur séparation.
La Lune entretient toujours avec la Terre un rapport de sororité, de miroir inversé, d’influences puissantes et sacrées. Ainsi, dans la religion chrétienne, les trois jours de disparition du Christ avant sa résurrection, comme également pour Osiris, sont calqués sur les trois jours de la nuit profonde, de disparition totale de la Lune avant sa lente réapparition.
Ma première pièce, Le mystère d’Eva Landowski, cherchait à mettre en valeur le sentiment d’appartenance et le lien réunissant les membres d’une même famille au-delà de la mort. L’histoire que je développe avec Le Chagrin d’Artémis poursuit en partie la même quête. Chaque spectacle contient une réponse à une blessure d’enfant. Chaque spectacle est une tentative de réparation. L’exploration de la Lune a souvent été le prétexte de récits fantastiques, à la lisière entre la science et la fiction. De Lucien de Samosate à Dante en passant par Cyrano de Bergerac, sans parler du cinéma. Mais en dépit de tous ceux qui s’en sont emparés, la Lune reste un territoire vierge, une surface de projection qui permet de développer nos propres songes sur sa surface lisse et rugueuse. Pour l’œil humain, la Lune est la première graduation de l’infini du cosmos. Elle a donné le la à la compréhension de la mécanique céleste. Seuls douze astronautes y ont posé le pied, et ils ont laissé sur sa surface les restes de leur expédition. Aujourd’hui, elle demeure un chantier d’exploration désaffecté, un décor de cinéma. En déroulant mon récit au cœur de ses reliefs, je voulais m’en emparer et questionner la place du rêve, de l’introspection et des souvenirs dans un monde hyper technologique et toujours plus connecté.
Le Chagrin d’Artémis vient d’abord de l’observation d’un tableau de Johan Peter Hansclever, La Sentimentale. On y voit une jeune femme poser, une épaule dénudée, le regard mélancolique tourné vers sa fenêtre, éclairée par la pleine lune. Une lettre est posée sur sa table, sans doute une lettre d’amour ou de rupture. La genèse de mon histoire a été inspirée par cette peinture et j’ai pensé à une jeune femme qui prendrait ses désirs pour des réalités et déciderait vraiment de se rendre sur la Lune, pour ne plus la contempler mais tenter d’y vivre. C’est ce qui m’a inspiré la création du personnage de Luna Mirage, première femme scientifique à poser le pied sur la Lune après les missions Apollo.
Le Chagrin d’Artémis, c’est donc un voyage entre un désir de savoir et une quête intime qui flirte avec la symbolique de la Lune et les mythes qu’elle abrite. J’ai ainsi pensé à une vieille légende qui raconte que la Lune est le lieu des limbes des âmes inaccomplies, dans le deuxième chant de la Divine Comédie de Dante. J’ai décidé de prendre cette légende à la lettre pour peupler la face cachée de la Lune de personnages et d'aventures.
Léa Tissier